L’attractivité croissante du Maroc comme destination touristique de premier plan confronte les juristes et les experts en conformité à un défi majeur : la prolifération potentielle de schémas de blanchiment, de fraude et de cybercriminalité. Cet article offre une analyse juridique pointue des risques spécifiques au secteur, des obligations réglementaires en vigueur et des stratégies essentielles pour prémunir un pilier de l’économie nationale.
Le secteur du tourisme représente un pilier fondamental de l’économie marocaine, comme en témoigne la récente désignation du Maroc comme “Meilleure Destination Touristique Partenaire 2025” par le Welcome Travel Group, le leader italien de la distribution touristique, avec un réseau impressionnant de 2492 agences réparties à travers le pays . L’organisation de la Convention annuelle du Welcome Travel Group à Casablanca en avril 2025, avec la participation de 1 500 agents de voyages italiens, souligne l’attractivité croissante du pays. Cependant, cette expansion s’accompagne de défis juridiques cruciaux, notamment en matière de prévention et de lutte contre la criminalité financière.
Le Maroc connaît une croissance soutenue de son secteur touristique, avec une augmentation significative du nombre de visiteurs internationaux, dont une part importante en provenance d’Italie. Les initiatives de l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT), telles que le renforcement des liaisons aériennes directes et les actions ciblées pour promouvoir le Royaume, portent leurs fruits. Cette dynamique positive devrait se poursuivre dans les années à venir, avec une croissance annuelle moyenne estimée entre 7 % et 10 % jusqu’en 2030.
La tenue d’événements majeurs, comme la convention du Welcome Travel Group, illustre le potentiel du Maroc comme destination de premier plan pour le tourisme de loisirs et d’affaires (MICE). Toutefois, l’afflux important de capitaux et la multiplication des transactions financières inhérentes à l’activité touristique exposent le secteur à des risques accrus de criminalité financière.
Par sa nature transfrontalière et sa dépendance croissante aux plateformes numériques, l’industrie du voyage constitue un terrain fertile pour diverses formes de criminalité financière. Au Maroc, ces menaces se manifestent de manière spécifique à travers :
- Le blanchiment d’argent : Les infrastructures touristiques, allant des hôtels aux agences de voyage et aux casinos, peuvent, malgré elles, devenir des canaux de dissimulation de fonds d’origine illicite. Les transactions en espèces importantes, l’acquisition de biens de luxe ou de prestations touristiques onéreuses peuvent servir à masquer la provenance criminelle des fonds. Des entités criminelles pourraient même ériger de fausses agences ou des établissements hôteliers fictifs pour justifier des flux financiers substantiels. L’investissement immobilier au sein du secteur touristique n’est pas non plus exempt de ce risque. Conformément aux dispositions de la loi n° 43-05 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux, les entreprises du secteur doivent impérativement instaurer des mécanismes de contrôle interne robustes pour identifier et prévenir de telles opérations.
- La fraude et l’escroquerie : Les touristes représentent des cibles privilégiées pour les escroqueries en ligne via de faux sites d’agences de voyage ou pour des arnaques locales. La fraude aux moyens de paiement, notamment l’utilisation de cartes bancaires dérobées pour effectuer des réservations, constitue un risque majeur. Les escroqueries à la location de vacances, souvent relayées par de fausses annonces, sont également préoccupantes. Ces pratiques soulignent l’impératif pour les professionnels du tourisme de renforcer la sécurité de leurs transactions et de mettre en œuvre des procédures de vérification de l’identité de leurs clients, en accord avec les réglementations en vigueur, notamment celles relatives à la protection des consommateurs.
- La cybercriminalité : Les voyageurs sont des proies de choix pour les tentatives de phishing et le vol de données personnelles et bancaires. L’usurpation d’identité pour effectuer des réservations ou blanchir des fonds représente également un danger non négligeable. La lutte contre la cybercriminalité dans le secteur touristique requiert la mise en place de systèmes de surveillance performants et le strict respect de la loi n° 09-08 relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel.
- La criminalité organisée : Le tourisme peut, involontairement, faciliter certaines formes de criminalité organisée telles que le trafic d’êtres humains, l’exploitation sexuelle, le trafic de stupéfiants et la criminalité environnementale. Les professionnels du secteur doivent être conscients de ces risques et collaborer étroitement avec les autorités compétentes pour prévenir et signaler toute activité suspecte, en application notamment des dispositions du Code pénal marocain relatives à ces infractions.
Le développement du tourisme au Maroc représente une opportunité économique majeure, mais il s’accompagne de défis juridiques importants en matière de lutte contre la criminalité financière. Les professionnels du secteur touristique doivent être pleinement conscients des risques auxquels ils sont exposés et mettre en œuvre des mesures de conformité rigoureuses pour se conformer à la législation en vigueur.
Une approche proactive et une coopération étroite entre les acteurs du secteur, les autorités de contrôle et les institutions financières sont indispensables pour garantir un développement durable et sécurisé du tourisme au Maroc.
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