La consécration internationale du Maroc en matière de lutte contre la cybercriminalité, marquée par une élection clé à Interpol, se double d’une démonstration de force sur le terrain avec l’arrestation d’un acteur majeur de la criminalité financière liée aux crypto-actifs. Cette double actualité positionne le Royaume comme un acteur central dans la répression des menaces hybrides, à la croisée de la délinquance numérique et des flux financiers illicites. Une nouvelle stature qui met au défi la robustesse et l’agilité de son cadre juridique et opérationnel face à une criminalité sans frontières.
La scène sécuritaire internationale vient de consacrer l’expertise marocaine par un signal fort. L’élection, ce 5 juin 2025, de la Commissaire Divisionnaire Layla Ezzouine à la vice-présidence du groupe d’experts sur la cybercriminalité d’Interpol n’est pas une simple reconnaissance diplomatique. Elle intervient dans un contexte de menaces hybrides où la criminalité financière s’opère de plus en plus par des moyens numériques sophistiqués, comme en témoigne l’arrestation quasi simultanée au Maroc d’un commanditaire présumé d’enlèvements liés à des rançons en cryptomonnaies. Ces deux événements, loin d’être isolés, illustrent le positionnement stratégique du Royaume et soulignent l’impérieuse nécessité d’adapter en continu son arsenal juridique et opérationnel.
L’élection de la représentante de la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) au pôle “autonomisation” d’Interpol n’est pas anodine. Ce mandat vise à renforcer les capacités de riposte des services de police et à mieux protéger les victimes. Cette reconnaissance internationale repose sur un édifice national de lutte contre la cybercriminalité qui a gagné en maturité. Le cadre légal, principalement assis sur la Loi n° 07-03 complétant le Code pénal en ce qui concerne les infractions relatives aux systèmes de traitement automatisé des données, fournit la base répressive. Cependant, la nature transnationale et la complexité financière des cybercrimes modernes exigent une lecture croisée avec d’autres dispositifs.
Le lien avec la criminalité financière est désormais indissociable. L’affaire du Franco-Marocain arrêté à Tanger pour avoir orchestré des enlèvements contre rançon en cryptomonnaies est un cas d’école. Ce mode opératoire illustre la convergence parfaite entre la criminalité organisée violente et la délinquance financière 2.0. Il met en lumière les défis que pose l’anonymat relatif des crypto-actifs pour les enquêteurs. C’est ici que l’écosystème de conformité marocain est mis à l’épreuve. La Loi n° 43-05 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, pierre angulaire du dispositif, trouve un nouveau champ d’application. L’action de l’Autorité Nationale du Renseignement Financier (ANRF) devient cruciale pour tracer ces flux illicites, en collaboration étroite avec ses homologues étrangers et des entités comme la DGSN. La réussite de cette arrestation, saluée par les autorités françaises, démontre l’efficacité des mécanismes de coopération judiciaire internationale, encadrés par des conventions ratifiées par le Maroc, telle que la Convention de Budapest sur la cybercriminalité, à laquelle le Royaume a adhéré en 2018.
Cette nouvelle stature internationale impose au Maroc des responsabilités accrues. L’accueil prochain de la 93ème Assemblée Générale d’Interpol à Marrakech du 24 au 27 novembre 2025, n’est pas seulement un honneur, mais le symbole d’un engagement à être un acteur central dans la définition des stratégies sécuritaires mondiales. Pour les professionnels du droit et de la conformité au Maroc, cette dynamique implique une veille réglementaire accrue. Les directives et circulaires de Bank Al-Maghrib (BAM), de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) et de l’ACAPS seront probablement amenées à intégrer plus explicitement les risques liés aux actifs numériques et aux schémas de cyber-fraude financière.
La reconnaissance de l’expertise marocaine en matière de lutte contre la cybercriminalité est le fruit d’une stratégie proactive. Elle place le Royaume en première ligne, non seulement dans la traque des cybercriminels, mais aussi et surtout dans le combat complexe contre les nouvelles formes de criminalité financière qui menacent la sécurité et la stabilité économiques à l’échelle globale.
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