Dans un contexte mondial où la criminalité financière se complexifie avec l’avènement de l’intelligence artificielle (IA), le “Global Financial and Economic Crime Outlook 2025” de Secretariat révèle les défis croissants, y compris pour le Maroc. L’étude, s’appuyant sur son indice propriétaire SECI, met en lumière l’impact de l’IA comme catalyseur de nouvelles formes de fraude, tout en évaluant la position du Maroc en tant qu’acteur vigilant dans la lutte contre la criminalité financière au regard de son cadre légal et réglementaire.
Le “Global Financial and Economic Crime Outlook 2025”, publié par Secretariat, met en évidence une complexification croissante de la criminalité financière mondiale, où l’intelligence artificielle (IA) émerge comme un catalyseur de nouvelles formes de fraude. Cette publication inaugurale vise à informer les acteurs financiers et les autorités de régulation, y compris au Maroc, sur cet impact significatif et les défis majeurs qu’il pose. Secretariat, l’organisation à l’origine de cette analyse, est composée d’experts fournissant des conseils juridiques, de risque et de réglementation. Elle publie également le Secretariat Economic Crime Index (SECI), un indice propriétaire évaluant les menaces de criminalité économique dans 177 pays.
Le SECI est un outil central de cette étude, fournissant une évaluation approfondie des risques de criminalité économique. Il s’agit d’un indice composite variant de 0 (risque minimal) à 4 (risque maximal), calculé en intégrant trois dimensions clés : la criminalité organisée, la corruption et le blanchiment d’argent. Pour ce faire, le SECI utilise une moyenne pondérée de données provenant de trois indices mondiaux établis : l’Organized Crime Index, le Corruption Perception Index et le Basel AML Index, dont les données sont préalablement mises à l’échelle statistiquement.
Le SECI classe ensuite les pays en quatre catégories selon leur score : les “Transparent Titans”, les “Vigilant Players”, les “Reactive Reformers” et les “Regulatory Laggards”, permettant ainsi une comparaison globale des risques. Le Maroc, avec un score SECI de 2.14, est classé parmi les “Vigilant Players” aux côtés de la Tunisie (2.05), indiquant une approche proactive dans la lutte contre la criminalité financière, contrairement à l’Algérie (2.58) et la Mauritanie (2.46) qui sont classées comme “Reactive Reformers”.
L’étude alerte sur une augmentation potentielle de 55 à 60 % des incidents de fraude liés à l’Intelligence artificielle d’ici fin 2025. Cette projection s’explique par la capacité de l’IA à amplifier les techniques frauduleuses existantes et à en créer de nouvelles. Au Maroc, cette menace est particulièrement pertinente compte tenu de la digitalisation croissante du secteur financier. Parmi les préoccupations majeures figure l’utilisation de deepfakes ( une technique de synthèse multimédia reposant sur l’intelligence artificielle. Elle peut servir à superposer des fichiers vidéo ou audio existants sur d’autres fichiers vidéo ou audio ), permettant des fraudes par impersonation sophistiquées. Bien que l’exemple cité dans le rapport soit celui d’une entreprise britannique, les entités marocaines ne sont pas à l’abri de telles techniques, qui pourraient être sanctionnées par le Dahir n° 1-03-140 du 26 rabii 1 1424 (28 mai 2003) portant promulgation de la loi n° 03-03 relative à la lutte contre le terrorisme, le Code pénal marocain et la loi n° 43-05 telle que modifiée et complétée, à travers ses dispositions sur l’escroquerie et la falsification.
L’analyse met également en lumière la recrudescence de la fraude par manipulation de paiements autorisés (APP), exacerbée par la rapidité des systèmes de paiement modernes et la persuasion de l’IA. Au Maroc, le développement des plateformes de paiement en ligne rend ce type de fraude particulièrement risqué. Les institutions financières marocaines, régies notamment par les circulaires de Bank Al Maghrib relatives à la sécurité des systèmes d’information et des moyens de paiement, ainsi que par la loi n° 103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés telle que modifiée et complétée, doivent renforcer leurs mécanismes de détection et de prévention. Enfin, l’IA alimente des cyberfraudes avancées, telles que les attaques pilotées par l’IA, les violations de données et les ransomwares.
Le Maroc, à travers la Direction Générale de la Sécurité des Systèmes d’Information (DGSSI) et la loi n° 09-08 relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel, s’efforce de renforcer sa défense, mais la sophistication croissante des menaces exige une adaptation continue.
L’examen de cette publication à travers le prisme du droit marocain confirme la convergence des préoccupations internationales et des défis locaux. Bien que le classement du Maroc comme “Vigilant Player” reconnaisse ses efforts, l’émergence de l’IA comme outil de fraude sophistiqué nécessite une intensification des mesures de prévention, de détection et de répression, ainsi qu’une adaptation continue du cadre juridique et réglementaire existant.
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